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Première intervention politique sur les droits des animaux à Fribourg : la réponse de PEA face à la posture du Conseil d’État.


À l’initiative de la Coalition Animaliste, la députée fribourgeoise Erika Schnyder avait déposé le 20 mai dernier une série de questions au Conseil d’État de Fribourg : « Spécisme : quelles pistes pour sortir d’une société maltraitante ? »

 « Le spécisme est le terme généralement utilisé pour désigner toute discrimination à l’égard des animaux n’appartenant pas à l’espèce humaine, considérés comme êtres inférieurs pouvant être exploités, commercialisés et tués pour notre consommation et nos intérêts. Cette vision a favorisé le développement d’une société anthropocentrée, où des milliards d’animaux sont maltraités et massacrés chaque année dans le monde  » écrit la députée. Elle demandait à l’Exécutif cantonal d’orienter sa politique publique vers une société plus juste envers les animaux.

Ce 15 septembre, le Conseil d’État fribourgeois a fini par répondre… par une négation de toutes les préoccupations exprimées, qui en dit long précisément sur son spécisme et sur le mépris dans lequel il tient les militant·es de la cause animale et la population en général. «  Circulez, y a rien à voir », commente Erika Schnyder. «  Non  », répond en substance le Conseil d’Etat, il n’y a rien à changer ni à nos lois, ni à nos pratiques, ni même à notre spécisme : « Si, au sens strict, la possession et l’élevage d’animaux relèvent d’une forme de “spécisme”, ils n’empêchent pas le respect et le bien-être des animaux concernés  ». Le spécisme est reconnu à demi-mot, mais les conséquences dramatiques pour les animaux sont purement et simplement niées. 

Le Conseil d’État ose ainsi affirmer que « le cadre légal actuel en matière de protection des animaux constitue un bon équilibre entre la garantie des droits fondamentaux de ceux-ci et les intérêts économiques du canton ». Le bon équilibre entre les intérêts économiques à tenir autrui asservi et à le tuer, et les droits fondamentaux à n’être ni asservi ni tué ? Ce bon équilibre porte un nom, précisément : spécisme. « Mettre un terme à l’élevage des animaux de rente aurait de lourdes conséquences économiques et sociales  », nous avertit-on.

Le fait de ne considérer ici que les intérêts humains, sans plus de considération pour ceux des premiers concernés, premiers tant par leur nombre que par l’importance des torts subis, est typique d’une forme exacerbée de ce mépris fondé sur l’espèce des individus.

À noter que le Conseil d’État n’est pas seul à botter en touche, puisque la même question sur le spécisme avait été posée au Conseil fédéral suisse en 2020, qui s’était permis de répondre que « la législation sur la protection des animaux repose sur une approche non spéciste. Les différences de traitement de l'être humain et de l'animal ne se fondent pas sur l'appartenance à une espèce mais sur des caractéristiques et des aptitudes différentes. »  Quelles sont donc ces « caractéristiques différentes » qui justifient d’enfermer et de tuer les non-humains ? On est ici au cœur du débat sur la légitimité morale du spécisme… mais on n’en saura pas plus.

Pour en revenir au Conseil d’État de Fribourg, il ose également affirmer que les animaux d’élevage « auraient des conditions d’existence et une espérance de vie considérablement réduites sans les soins constants de leurs propriétaires. » Pour PEA, cette déclaration est scandaleuse.

En effet, c’est au contraire du fait de l’élevage que ces animaux ont une espérance de vie dramatiquement réduite : ils sont tués petits ou tout jeunes adultes : une vache, vers 3 ou 5 ans lorsqu'elle pourrait en vivre 20, un cochon à six mois alors qu’il pourrait vivre entre 15 et 20 ans, et un poulet d’une souche « de chair » est abattu à 42 jours, une poule de souche « pondeuse » au bout de 14 mois, alors que l’espérance de vie d’une poule « normale » serait de 5 ou 10 ans. Quant aux soins constants mentionnés, de nombreuses enquêtes montrent bien que ceux-ci sont insuffisants voire parfois inexistants. 

▶ Voir notre enquête Poulets Suisses

Nous déplorons que la réponse du  Conseil d’État fribourgeois, tout comme celle du Conseil fédéral, dénote un profond mépris de la question animale, de ses défenseurs·euses et de la population qui se pose des questions sur le sujet.

 


Sources
La Liberté, L’antispécisme dans le débat politique, 15 septembre 2021
20min.ch, Le Conseil d’État estime que l’élevage n’est pas synonyme de maltraitance, 15 septembre 2021