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Éthologie

Éthologie : étude du comportement des êtres sentients.

Pourquoi est-il aujourd'hui important de se pencher sur la vie mentale et sociale des animaux ? Pourquoi est-il urgent de se demander quelles sont leurs capacités subjectives, que ressentent-ils, dans quelles situations sont-ils heureux ou malheureux, quelle intelligence ont-ils de ce qui leur arrive, quelles relations tissent-ils avec les autres et avec le monde, de quelle façon interviennent-ils sur leur environnement ?

Organismes programmés vs Seigneurs du monde

poisson.png L'exploitation animale a de tout temps reposé sur le déni et l'ignorance organisés de ce qu'éprouvent les animaux non humains; ainsi que sur la négation ou le mépris de leur subjectivité : de leur vie intérieure, des sentiments et des émotions qui les habitent, de leurs désirs, de leurs choix et réflexions. Il y a très peu de temps encore, on niait même que les animaux possèdent une vie subjective. Ils n'étaient que des organismes naturels, des specimens de leur espèce, victimes de leurs pulsions, programmés à reproduire indéfiniment les mêmes schémas, destinés à être des rouages de la nature. A l'inverse, les humains se sont toujours perçus et se perçoivent toujours comme les Seigneurs du monde, parfaitement libres, dominant leurs pulsions (animales), donnant du sens à ce qu'ils vivent, et créant leur monde au lieu de simplement le reproduire.

Jusqu'à très récemment encore, la capacité des animaux à ressentir de la souffrance était presque systématiquement niée. Dans le meilleur des cas, on concédait qu'ils puissent ressentir de la « douleur » (physique), mais la « souffrance » - qui contient une connotation psychique - leur était déniée. Heureusement, ce type de discours régresse nettement depuis plusieurs années.

Les activités de la vie comme plaisir

Male_Bonobo_Lola_ya_Bonobo_2008.jpg Longtemps, les recherches entreprises sur ce que vivent les animaux se sont limitées à comprendre comment est-ce qu'ils fonctonnent, c'est-à-dire à les appréhender comme des organismes répondant de façon automatique à des stimuli variés; des sortes de machines naturelles perfectionnées mais bornées, mues par les impératifs biologiques de leur espèce. Les documentaires animaliers par exemple insistent toujours beaucoup sur telle ou telle fonction que remplit le comportement d'un animal. Ainsi, les petits aiment beaucoup jouer pour apprendre à connaître leur environnement et à faire face à des situations imprévues. On pourrait bien sûr dire la même chose des petits humains…mais on ne le dit pas. On préfère dans ce dernier cas souligner que les jeunes enfants jouent…par plaisir ! Or, il est bien évident qu'il en va de même pour les chevreaux ou les veaux, ivres eux aussi d'expérimenter leur tout jeune corps.

Les chimpanzés bonobos ont une sexualité débordante et variée. Le fait connaît un grand retentissement parce qu'il s'agit de nos proches cousins. Toutefois, celui-ci est toujours accompagné de commentaires selon lesquels il s'agit pour ces singes de soigner leurs relations sociales, de résoudre des conflits, etc. Bref, leur sexualité servirait des stratégies de survie au sein du groupe. On tait alors le fait que pour les bonobos, la sexualité est tout simplement une jouissance, comme pour nous. Bien sûr, nous utilisons aussi la sexualité pour bien d'autres raisons : enterrer une dispute avec notre amoureux/se, nous rassurer, nous endormir, etc. Pourtant, cela ne viendrait à l'idée de personne de résumer notre penchant pour la sexualité à ces différents buts. C'est pourtant le discours qui sévit encore à l'encontre des autres animaux. Il existe toujours une barrière psychologique qui nous empêche de leur attribuer des désirs personnels qui ne soient pas fonctionnels par rapport à une visée plus générale.

L'« anthropomorphisme » était un péché, l'« animalisation » la norme

ducks.png D'une part la recherche était, et est encore, effroyablement anthropocentriste, d'autre part elle s'interdisait jusqu'à récemment tout anthropomorphisme. Le simple fait de prêter aux autres animaux des sensations, voire des émotions, et, plus encore, des réflexions, était considéré comme faire preuve d'anthropomorphisme. À l'inverse, la recherche tenait à animaliser les animaux, c'est-à-dire à les considérer comme des organismes mûs par des moteurs inconscients, impersonnels, génériques, objectifs, naturels, déterminants.

Cet interdit de l'anthropomorphisme a longtemps paralysé la recherche. La domination du sujet de recherche empêche en effet d'être objectif-ve et impartial-e à son encontre et oriente complètement les recherches (on a par exemple bien plus d'a priori négatifs sur les animaux « de boucherie » que sur les autres animaux). Ceci explique en partie que l'on ait presque rien découvert pendant cinquante ans sur les capacités cognitives des autres animaux, et que maintenant que l'on accepte de considérer leur subjectivité, on assiste à une véritable explosion de connaissances, à tel point qu'il s'agit d'une véritable révolution de notre appréhension des autres animaux. On passe d'a priori idéologiques stricts et débilitants (animalisants) à de véritables recherches ouvertes et curieuses.

 

 

Les auteurs

Sebastien Moro

_sebastien_nb.jpg Antispéciste, co-fondateur de l’association Chimère, auteur de conférences sur l’intelligence animale et rédacteur de pages éthologie de PEA, Sébastien se voit propulsé ainsi sur le devant de la scène et, en 2019, il est élu président du monde avec 99% des voix (le pourcentage restant étant composé des habitant-e-s de Corée du Nord qui furent obligé-e-s de voter pour la momie de Kim Jong-il). En 2020, il parvient à instaurer un monde de paix et d’amitié où les animaux sont considérés comme des citoyens du monde à part entière et où plus personne n’exploite ou ne tue plus personne - Oui, c’est moi qui suis chargé de faire ma propre biographie pour le site, pourquoi ? En tout cas j’espère que vous apprécierez ces pages, profitez-en, j’aurai un peu moins de temps disponible vers 2019.


Pierre Sigler

pierre_sigler.png Pierre est documentaliste, et rédacteur aux Cahiers antispécistes. Il rédige pour le Huffington Post des articles sur la vie subjective des animaux et les implications à en tirer : nous avons reproduit ou adaptés ceux sur les cochons, les poules et les poissons. Il a écrit pour PEA l'article sur les rats.