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Les nourrissons (0-12 mois)

Jusqu’à l’âge de 6 mois environ, les bébés n’ont besoin que de lait ; de préférence du lait maternel, à défaut du lait infantile (qui peut être à base végétale). Pour produire le lait, la mère a besoin de manger à peu près autant que pendant le dernier trimestre de grossesse et, à l’exception du fer, a besoin des mêmes suppléments.

À partir de 6 mois commence la diversification alimentaire, qui consiste à compléter l’alimentation lactée par de nouveaux aliments, d’abord sous forme liquide (purées, soupes), puis de plus en plus solide, au fur et à mesure que l’enfant développe sa capacité de mastication.

 

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1. De 0 à 6 mois environ : l’allaitement exclusif

1.1. Le lait maternel

Allaiter est vivement recommandé quand on peut le faire. Le lait maternel est supérieur au lait maternisé, notamment au plan immunologique. Il contient des anticorps et d’autres composants immunitaires qui, chez l’enfant, réduisent le risque d’infections et d’allergies. Il semble aussi réduire le risque de diabète de type 1 et 2, de leucémie, d’obésité et de problèmes cardiaques. Chez la mère, l’allaitement diminue le risque de cancer du sein, de cancer des ovaires, de dépression post-partum et de diabète de type 2 (ADA, 2009).

On peut traire son lait et le stocker, pour une durée, selon les autorités sanitaires françaises, de 4h à température ambiante et 48 heures au réfrigérateur [1].

Allaiter même pendant quelques semaines et même en complément du biberon est bénéfique. Pas de panique toutefois si vous ne pouvez pas allaiter : la plupart des enfants nourris au biberon se portent bien. De même, si le lait maternel est préférable au lait maternisé, mieux vaut donner sereinement du lait maternisé que d’essayer d’allaiter selon un mode qui serait pour vous difficile à gérer.

1.1.1. La composition du lait

La composition du lait maternel humain en sels minéraux, protéines, vitamine K et cholestérol ne varie pas en fonction de l’alimentation de la mère, ni la teneur en lipides. La composition en vitamines du groupe B, en vitamines A, C et D varie en fonction de l’alimentation, de même que la composition en acides gras et en certaines enzymes à base de sélénium ; ainsi les végétariennes ont-elles un lait plus riche en antioxydants que les personnes consommant des produits animaux (Debsky et al., 1989). Ces dernières peuvent corriger cet écart en prenant un supplément de sélénométhionine (McGuire et al., 1993).

1.1.2. Besoins de la mère

Les besoins pendant la lactation sont globalement les mêmes que durant le 3e trimestre, à ceci près que les besoins en fer diminuent fortement. La production de lait requiert 500 Kcal par jour les six premiers mois, mais comme la personne allaitante a des réserves d’énergie constituées durant la grossesse, les besoins d’apport sont estimés à seulement 330 Kcal. Par la suite, la perte de poids prend fin et la consommation de l’enfant diminue à 600 mL/j. Les apports recommandés sont alors de 400 Kcal (FNB, 2005).

Les besoins en protéines, en calcium, en vitamine D, en vitamine B12, et en acides gras sont les mêmes pendant la lactation que pendant la grossesse. Les besoins en iode et en zinc sont légèrement supérieurs (Mangels et Messina, 2011 ; Mangels, 2011).

1.1.3. Supplémentation durant l’allaitement

Il convient de continuer la même supplémentation débutée durant la grossesse, sauf pour ce qui est du fer, qui n’est plus utile. Le DHA demeure utile car la richesse du lait en cet acide gras dépend en partie de l’apport alimentaire.

Les besoins en zinc peuvent être couverts par l’alimentation, mais un supplément pendant les 6 premiers mois est utile si vous consommez peu d’aliments riches en zinc, comme les fruits oléagineux et les légumineuses.

1.2. Le lait infantile (ou lait maternisé ou lait pour nourrissons)

En cas d’allaitement au biberon (en remplacement ou en complément de l’allaitement maternel), il ne faut donner, au cours des six premiers mois, que du lait maternisé « premier âge ». Les laits animaux ou végétaux non-maternisés sont inadaptés aux besoins des nourrissons. La maternisation consiste à modifier, par adjonction et soustraction d’ingrédients, un lait végétal ou animal pour que sa composition soit proche de celle du lait maternel.

On fabrique des laits végétaux infantiles depuis plus de 80 ans. Ils sont destinés aux enfants allergiques aux protéines de lait de vache, mais de nombreux enfants non-allergiques en consomment. Ils représentent 2 à 30 % des ventes de lait infantile selon les pays (Oliveria et al., 2011). Ils sont généralement à base de soja, d’amande ou de riz. Les enfants nourris au lait végétal maternisé se portent aussi bien que les enfants nourris au lait de vache maternisé (AAP, 1998).

Certains contiennent des protéines de lait ou de l’huile de poisson. Parmi l’offre disponible en France, sont végétaliens les produits suivants :

  • Gallia soja
  • Mandorle riz
  • Modilac expert riz
  • Novalac riz
  • Nutrilon soja
  • Picot riz
  • Prémiriz

Seul le dernier, Prémiriz, contient de la vitamine D3 issue de lichens (il est également bio et sans huile de palme). Les autres contiennent de la vitamine D3 extraite de lanoline, une graisse obtenue lors du nettoyage de la laine des moutons (mais la quantité de vitamine D se compte en micro-grammes).

Les prématurés doivent recevoir du lait maternel (de sa mère ou du lactarium) ou à défaut un lait artificiel spécial pour prématurés. Les laits infantiles 1er âge standards ne sont pas adaptés à leurs besoins (Bhatia et al., 2008). Il n’existe pas, à ce jour, de lait végétal maternisé pour prématurés.

1.3. La vitamine D

Le lait maternel des femmes qui ne peuvent suffisamment s’exposer au soleil, et ce dans une région d’ensoleillement suffisant, est pauvre en vitamine D. C’est pourquoi on recommande de donner aux bébés nourris au sein (et même à ceux nourris au biberon) 800 UI de vitamine D par jour.

La supplémentation en B12 est inutile à condition bien sûr que la mère ait des apports corrects. En cas de doute, un supplément de 0,5 µg/j s’impose.

2. 6-12 mois : la diversification alimentaire

La diversification alimentaire consiste à introduire dans l’alimentation du bébé une part de plus en plus importante d’aliments (en fonction de son appétit) de plus en plus difficiles à mâcher (en fonction de sa musculature et de sa dentition).

2.1. Quand commencer la diversification alimentaire ?

Entre 4 et 8 mois selon la croissance et le développement psychomoteur du nourrisson. Les signes que le bébé est prêt à découvrir de nouveaux aliments :

  • Il a perdu le réflexe de protrusion (consistant à recracher tout aliment solide mis dans sa bouche) et inversement commence à mâcher.
  • Ses dents poussent.
  • Il sait se tenir assis.
  • Il a encore faim après la tétée ou le biberon.
  • Sa prise de poids s’est ralentie.
  • Il s’intéresse aux aliments que vous mangez.

2.2. Conseils généraux

L’OMS donne les conseils suivants pour la phase de diversification alimentaire (OMS, 2014) :

  • Poursuivre un allaitement fréquent, à la demande, jusqu’à l’âge de 2 ans, voire plus.
  • Être à l’écoute (par exemple, nourrir les tout-petits directement et aider les plus grands. Nourrir les enfants lentement et patiemment, les encourager à manger mais ne pas les forcer, leur parler et garder le contact visuel avec eux).
  • Respecter les règles d’hygiène et manipuler correctement les aliments.
  • Commencer à 6 mois par de petites quantités et augmenter progressivement la ration alimentaire à mesure que l’enfant grandit.
  • Augmenter progressivement la consistance et la variété des aliments.
  • Augmenter la fréquence des repas : deux à trois repas par jour pour des nourrissons de 6 à 8 mois, et trois à quatre repas par jour pour des nourrissons de 9 à 23 mois, avec une ou deux collations supplémentaires, au besoin.
  • Utiliser des aliments de complément enrichis ou une supplémentation en vitamines et en minéraux, le cas échéant.
  • Augmenter l’apport liquidien en cas de maladie (y compris l’allaitement) et proposer des aliments mous, que l’enfant apprécie.

2.3. Pas besoin de planning strict

Les guides à l’attention des parents sont souvent très directifs. Par exemple, le PNNS recommande d’introduire les fruits « 15 jours après avoir introduit les légumes ». Or, ces conseils varient d’un pays à l’autre. En Europe, on recommande aux parents de commencer par les légumes, puis les fruits, puis les céréales. En Amérique du nord et en Afrique du sud, on leur recommande de commencer par les céréales puis les légumes. En Inde, on recommande de commencer par des jus de fruits. En Asie de l’est, il est de coutume de commencer céréales et légumes en même temps, sous la forme d’un porridge de riz très liquide, complété par des légumes et un peu de légumineuses.

De même, l’âge moyen du sevrage varie selon les pays et les époques.

Il nous semble donc inutile de s’imposer un planning très strict. Le principe de la diversification alimentaire consiste simplement à introduire des aliments de consistance de plus en plus solide et de plus en plus difficiles à mâcher.

2.4. Proposition d’étapes

Vers 4-6 mois

Il faut commencer par des aliments faciles à digérer et sous forme liquide :

  • Bouillie de céréales mélangée au lait ou à la soupe
  • Légumes sous forme de purée ou de soupe
  • Fruits en compote ou en jus

On peut fabriquer soi-même ces plats (sans ajouter de sel) ou acheter des céréales pour bébés en poudre et des petits pots de légumes et de fruits pour bébés.

On commence usuellement par 2 ou 3 cuillères à café données avant la tétée ou mélangées au lait, puis on augmente les doses au fur et à mesure que l’appétit de l’enfant augmente.

Le lait, maternel ou infantile, doit rester l’aliment principal. Les laits non-maternisés sont inadaptés aux besoins des nourrissons jusqu’à l’âge d’un an. Les laits infantiles dit « deuxième âge » (ou « laits de suite ») sont conçus pour les 6-12 mois.

Vers 7 mois

On peut introduire des aliments (les légumineuses) moins faciles à digérer, plus riches en protéines, contenant de très petits morceaux (qu’il n’y a pas besoin de mâcher). Yaourt au soja, tofu mixé, purée de pois cassés… On peut introduire aussi les légumes à goût prononcé, comme les choux, l’ail et l’oignon.

Vers 8-11 mois

Quand l’enfant sait mastiquer, on peut lui donner des aliments en morceaux, comme le riz, la semoule, les pâtes, les pommes de terre, et des légumineuses bien cuites (et écrasées dans le cas des grosses graines) et des oléagineux finement pilés.

Vers 11-12 mois

On peut donner des aliments pâteux comme les beurres d’oléagineux. Les laits maternisés pour enfants de 1 à 3 ans sont les « lait de croissance ». Mais on peut donner à partir d’1 an du lait de soja non maternisé enrichi en calcium. Les autres laits végétaux non-maternisés ne sont pas assez nutritifs pour les jeunes enfants. Si l’enfant est allergique au lait de soja, mieux vaut lui donner des laits végétaux maternisés.

Pierre Sigler

 

Références

Notes

  1. Voir http://www.lllfrance.org/Autres-textes-LLL/Tableau-comparatif-des-durees-de-conservation-du-lait.html