L'iode
L’iode est un élément chimique dont la fonction essentielle est d’entrer dans la composition des hormones thyroïdiennes. L’apport recommandé est de 150 µg par jour.
L’alimentation des animaux d’élevage est supplémentée en iode. De ce fait, le poisson, la viande, et surtout le lait, sont les sources principales d’iode des Français et des Suisses. Cela a pour conséquence que de nombreux adultes petits consommateurs de lait ont des apports en iode inférieurs aux recommandations (ANSES, 2013).
Les meilleures sources végétaliennes d’iode sont :
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Le sel iodé, mais il est insuffisamment iodé en France et en Suisse.
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Les algues : en manger trois fois par semaine suffit à couvrir nos besoins. Mais trop en manger peut conduire à un excès.
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Le comprimé de la marque VEG1 que nous recommandons, et qui couvre tous nos besoins. C’est l’option la plus pratique et la plus sûre, en particulier pour les enfants et les personnes enceintes.
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1. Qu’est-ce que l’iode ?
L’iode est un élément chimique, de la famille des halogènes [1]. C’est le plus lourd des éléments ayant une fonction biologique [2]. Il est nécessaire au bon fonctionnement de la thyroïde et à la synthèse des hormones thyroïdiennes, qui contiennent des atomes d’iode. Les hormones thyroïdiennes régulent quasiment toutes les fonctions de l’organisme : croissance, rythme cardiaque, métabolisme des sucres, lipides et protéines, température corporelle, synthèse de certains neurotransmetteurs…
On pense que l’iode joue d’autres rôles dans l’organisme que la synthèse des hormones thyroïdiennes mais ces fonctions non-thyroïdiennes sont très mal connues. L’iode semble notamment nécessaire à la santé des seins (Patrick, 2008) , des glandes salivaires et de l’estomac (Venturi et Venturi, 2009).
2. La carence en iode
La carence en iode est, avec la carence en fer, la carence nutritionnelle la plus fréquente dans le monde. Pour y remédier, les pays développés enrichissent le sel de table en iode et comptent sur la supplémentation des animaux d’élevage pour enrichir les produits animaux.
2.1. Les maladies de carence
La carence sévère en iode cause chez les adultes une hypothyroïdie (une production insuffisante d’hormones thyroïdiennes) et un goitre (un gonflement de la thyroïde). Chez les jeunes enfants, elle provoque un retard mental appelé crétinisme. Même une carence modérée réduit le QI de l’enfant (Zimmermann, 2009).
On a calculé que le programme de lutte contre la carence en iode a fait gagner, au cours du 20e siècle, 15 points de QI en moyenne aux habitants des régions où sévissait le crétinisme (Feyrer, 2013).
2.2. Les carences légères et modérées
La carence légère ou modérée peut provoquer divers troubles (Verheesen & Schweitzer, 2008).
En premier lieu, des troubles de la thyroïde, y compris, paradoxalement, des hyperthyroïdies (Laurberg et al., 2000).
L’hypothyroïdisme, dont les symptômes sont : fatigue, sensation de froid, constipation, prise de poids, chute des cheveux [3], cheveux secs et peau sèche, douleurs musculaires, dépressions (Canaris et al. 1997).
La carence en iode augmente le risque de cancer du sein, de l’endomètre et des ovaires (Stadel 1976 ; Venturi et al. 2000 ; Venturi 2001).
On soupçonne la carence en iode de favoriser le cancer de l’estomac (Abnet et al., 2006) et inversement, le recul de cette carence dans les pays développés d’être en partie responsable de la diminution importante du nombre de cas de cancer de l’estomac (Gołkowski et al., 2007). L’excès d’iode pourrait aussi favoriser les cancers de l’estomac.
2.3. Les goitrigènes
Les goitrigènes sont des substances, présentes dans certaines plantes comme les crucifères, le manioc et le soja, qui peuvent favoriser le goitre si et seulement si l’apport en iode est insuffisant (FNB, 2001). Il n’y a donc aucune raison d’éviter les goitrigènes si vous avez un apport suffisant ou même une carence légère en iode.
3. Apports nutritionnels conseillés en iode
Âge (ans) |
Apports nutritionnels conseillés (µg/j) |
1–3 |
80 |
4–6 |
90 |
7–9 |
120 |
10–18 |
150 |
+19 |
150 |
Personnes enceintes |
200 (France), 250 (OMS) |
Personnes allaitantes |
200 (France), 290 (OMS) |
Par prudence, mieux vaut viser les apports conseillés par l’OMS pour les personnes enceintes et allaitantes.
4. Sources d’iode
4.1. Les sources d’iode des Français
Les produits animaux, les laitages en particulier, sont la principale source d’iode des Français. Le lait représente le tiers des apports chez les adultes et la moitié chez les enfants (AFSSA 2005, p. 18-28). La situation est comparable en Suisse.
La richesse en iode des laitages (10 µg/10 cl de lait de vache) est due à la supplémentation des animaux ainsi qu’à la désinfection des pis, des machines à traire et des récipients avec des désinfectants iodés (AFSSA 2005, p. 40-42). La richesse en iode de la viande est due à la supplémentation des animaux.
4.2. Le sel iodé
Le sel non iodé est pauvre en iode. La richesse en iode du sel iodé varie d’un pays à l’autre en fonction des normes en vigueur. Le sel iodé américain contient entre 60 et 75 µg d’iode par gramme, le sel iodé français contient entre 15 et 20 µg d’iode par gramme, le sel iodé suisse 25 µg par gramme. Il faut donc 5 g de sel iodé français ou suisse pour compléter l’apport en iode des végétaliens. Une telle quantité de sel ajouté n’est pas recommandée par les autorités sanitaires. C’est pourquoi, bien qu’il soit judicieux d’acheter du sel iodé, il est préférable de compter sur d’autres sources.
4.3. Les algues
Parce qu’elles accumulent les halogènes, les algues sont très riches en iode.
Les algues sont les premières sources d’iode dans les pays où leur consommation est courante : 66 % en Corée (Kim et al. 1998), plus de 90 % au Japon (Zava et Zava, 2011). Elles sont une source très marginale d’iode en France (AFSSA 2005, chp. 2).
Si vous souhaitez compter sur les algues pour couvrir vos besoins en iode, il faut les introduire progressivement dans l’alimentation. En effet, un apport important et soudain en iode chez quelqu’un en état de déficit chronique peut provoquer une hyperthyroïdie transitoire.
De même, il faut veiller à ne pas dépasser la limite supérieure de sécurité qui a été fixée par l’OMS à 1100 µg d’iode par jour. L’apport moyen en iode des Japonais est de 1000 µg par jour, beaucoup d’entre eux dépassent la limite de sécurité. Cela peut provoquer des troubles de la thyroïde que l’on soigne au Japon par un régime appauvri en algues.
4.4. Teneur en iode des algues alimentaires
Espèce |
Noms vernaculaires |
Teneur en iode en µg/g de matière sèche |
Laminaria digitata |
Tali, laminaire, kombu, kelp |
2020-7454 |
Laminaria saccharina |
Laminaire sucrée, kombu royal |
2789-5277 |
Fucus vesiculosus |
Goémon noir |
240-728 |
Undaria pinnatifida |
Ouessane, wakamé |
118-347 |
Himanthalia elongata |
Haricot/spaghetti de mer |
90-168 |
Palmaria palmata |
Dulse |
40-541 |
Porphyra umbilicalis |
Nori |
67-188 |
Ulva sp |
Ulve, laitue de mer |
10-131 |
5. Les suppléments
On l’a vu, en France, la lutte contre les carences en iode est actuellement pensée pour la population générale, puisqu’elle passe principalement par les produits animaux. Dans les pays où le sel est insuffisamment iodé, les végétarien-ne-s et surtout les végétalien-ne-s sont davantage carencés en iode que les personnes consommant des produits animaux (Appelby et al. 1999 ; Krajčovičová-Kudláčková et al. 2003).
En attendant que les aliments fassent l’objet d’une supplémentation adaptée aux végétalien-ne-s (par exemple, enrichir les laits végétaux à hauteur des laits animaux), et comme la consommation d’algues n’est pas habituelle chez les Européen-ne-s, la supplémentation nous semble être la solution la plus pratique et la plus sûre, notamment pour les personnes chez qui la carence a des conséquences graves, à savoir les personnes enceintes et les enfants. Les suppléments permettent aussi d’éviter des apports excessifs, ce qui peut arriver avec les algues.
Le complément appelé « VEG1 » apporte 100 % des apports conseillés en iode, soit 150 µg par comprimé, 75 µg par ½ comprimé (pour les enfants).
Pierre Sigler
Références
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Abnet, C.C. et al. (2006). Self-reported goiter is associated with a significantly increased risk of gastric noncardia adenocarcinoma in a large population-based Chinese cohort. International journal of cancer. Journal international du cancer, 119(6), pp.1508–1510. doi:10.1002/ijc.21993.
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Agence française de sécurité sanitaire des aliments (2005). Évaluation de l’impact nutritionnel de l’introduction de composés iodés dans les produits agroalimentaires. Maisons-Alfort : AFSSA.
-
ANSES, 2013 : http://www.anses.fr/fr/content/iode
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Canaris, G.J., Steiner, J.F. and Ridgway, E.C. (1997). Do traditional symptoms of hypothyroidism correlate with biochemical disease ? Journal of General Internal Medicine, 12(9), pp.544–550.
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Dunn, J.T. (1998). What’s Happening to Our Iodine ? The Journal of Clinical Endocrinology & Metabolism, 83(10), pp.3398–3400. doi:10.1210/jcem.83.10.5209.
-
Feyrer, James, Dimitra Politi, et David Weil (2013). The Cognitive Effects of Micronutrient Deficiency : Evidence from Salt Iodization in the United States. w19233. Cambridge, MA : National Bureau of Economic Research.
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FNB (2001). Institute of Medicine, Food and Nutrition Board. Dietary Reference Intakes for Vitamin A, Vitamin K, Arsenic, Boron, Chromium, Copper, Iodine, Iron, Manganese, Molybdenum, Nickel, Silicon, Vanadium, and Zinc. Washington, DC : National Academy Press, 2001.
-
Gołkowski, F. et al. (2007). Iodine prophylaxis–the protective factor against stomach cancer in iodine deficient areas. European journal of nutrition, 46(5), pp.251–256.
-
Krajcovicová-Kudlácková, M. et al. (2003). Iodine deficiency in vegetarians and vegans. Annals of Nutrition & Metabolism, 47(5), pp.183–185. doi:70483.
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Laurberg, P. et al. (2000). Thyroid disorders in mild iodine deficiency. Thyroid : official journal of the American Thyroid Association, 10(11), pp.951–963.
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Patrick, L. (2008). Iodine : deficiency and therapeutic considerations. Alternative medicine review : a journal of clinical therapeutic, 13(2), pp.116–127.
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Smyth, P.P.A. (2003). Role of iodine in antioxidant defence in thyroid and breast disease. BioFactors (Oxford, England), 19(3-4), pp.121–130.
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Stadel, B.V. (1976). Dietary iodine and risk of breast, endometrial, and ovarian cancer. Lancet, 1(7965), pp.890–891.
-
Venturi, S. et al. (2000). Role of iodine in evolution and carcinogenesis of thyroid, breast and stomach. Advances in clinical pathology : the official journal of Adriatic Society of Pathology, 4(1), pp.11–17.
-
Venturi, S. (2001). Is there a role for iodine in breast diseases ? Breast (Edinburgh, Scotland), 10(5), pp.379–382. doi:10.1054/brst.2000.0267.
-
Verheesen, R.H. and Schweitzer, C.M. (2008). Iodine deficiency, more than cretinism and goiter. Medical hypotheses, 71(5), pp.645–648.
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Venturi, S. and Venturi, M. (2009). Iodine in evolution of salivary glands and in oral health. Nutrition and health, 20(2), pp.119–134.
-
Zimmermann, M.B. (2009). Iodine deficiency in pregnancy and the effects of maternal iodine supplementation on the offspring : a review. The American Journal of Clinical Nutrition, 89(2), p.668S–72S.
Notes
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D’ailleurs les ampoules halogènes contiennent soit de l’iode, soit du brome.
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À l’exception du tungstène chez quelques bactéries.
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http://www.mayoclinic.org/diseases-conditions/hair-loss/basics/causes/con-20027666